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Interview de Marco Van Hees, lauréat du prix Gros sel

Marco Van Hees a reçu le Prix Gros Sel du public pour son ouvrage décapant sur la politique fiscale du ministre des Finances, Didier Reynders, l'homme qui parle à l'oreille des riches. Nous l’avons sommé de s’en expliquer.

Avant de vous féliciter, nous aimerions savoir si ce prix du public est dû à la qualité de votre livre ou à un bon lobbying?

Marco Van Hees. Mon livre est celui qui a obtenu le plus de suffrages sur le site internet du prix Gros Sel (www.rezolibre.com/grossel). Je perçois cette victoire comme un effet du succès qu’a connu l’ouvrage: quelqu’un ne va pas voter pour un livre qu’il ne connaît pas.

Ce succès est assez atypique. Généralement, un livre marche très fort à sa sortie – s’il a un bon soutien médiatique – et a une durée de vie assez courte en librairie. Au départ, le mien a été ignoré par les médias (mis à part une presse plutôt militante: Solidaire, Journal du Mardi, Tribune CGSP). Peu après, Jean-Claude Defossé s’en est inspiré pour un «Question à la Une» (RTBF).

C’est surtout le bouche à oreille et sa version internet, le mail to mail, qui a fait son succès grandissant. Jusqu’à apparaître quelques semaines dans le classement Le Vif-L’Express des meilleures ventes en librairie. C’est seulement suite à ce succès atypique que les autres médias ont commencé à en parler. Parfois plus d’un an après sa sortie.


Remise du prix Gros Sel 2008 à la bibilothèque de Schaerbeek.
De gauche à droite : Fadila Laanan, ministre de la Culture (PS),
Marco Van Hees, lauréat du prix Gros Sel du public,
Georges Verzin, échevin... MR de la Culture à Schaerbeek (Photo Rezolibre)

Pas seulement les médias… L’expression «parler à l’oreille des riches» est devenue l’une des expressions favorites du président du PS contre les libéraux. Vous, membre notoire du PTB, seriez-vous devenu un de ses conseillers?

Marco Van Hees. Elio Di Rupo a lu mon livre qu’il a trouvé «édifiant» et m’a invité chez lui pour en parler, tout en connaissant bien mes affinités politiques. Je n’allais pas décliner son aimable invitation. Après la défaite électorale du PS, je pense qu’il avait besoin, disons, de se ressourcer pour reprendre du terrain sur les libéraux.

Je lui ai dit que pour bien combattre le MR, le PS devrait un peu plus s’en distinguer, car la ligne de démarcation n’est pas toujours claire. Quand l’ancien ministre Di Rupo privatise Belgacom et la Sabena ou libéralise les activités postales, lorsque l’ancien ministre-président wallon Di Rupo lance un plan de développement économique axé sur les cadeaux aux entreprises, on se demande ce qui le distingue fondamentalement des libéraux.

Il n’y a pas que Di Rupo. Le sénateur Josy Dubié (Ecolo) raconte sur Youtube comment il a vanté votre livre à… Reynders. La sénatrice Joëlle Kapompole (PS) se balade avec votre ouvrage remplis d’annotations, selon Le vif-L’Express. Et maintenant, la ministre Fadila Laanan (PS) qui vous fait un bisou pour votre prix… Vous n’avez pas été rappelé à l’ordre par la direction de votre parti?

Marco Van Hees. Je suis content de voir qu’une grande partie de la gauche, surtout dans les syndicats et le monde associatif, a trouvé dans mon livre un bon instrument pour lutter contre la démagogie fiscale de Reynders. Jusqu’ici, la gauche avait tendance à laisser ce terrain aux libéraux. Les choses changent.

Cela me vaut d’être invité un peu partout – de Comines à Eupen – à donner des conférences pour la FGTB, la CSC, Attac, le MOC, les Equipes populaires, Vie féminine, le PAC, etc. Avec la crise actuelle du capitalisme, je crois d’ailleurs que les analyses de la gauche radicale vont être de plus en plus prisées...

Paru dans Solidaire le 5 décembre 2008

06.12.2008. 17:51

 

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