Accueil · Public-privé · La Poste frappée par le syndrome Francorchamps La Poste frappée par le syndrome FrancorchampsOn sait qu'un contrat passé avec
Ecclestone, patron de la F1, oblige la Région wallonne à payer dix millions
d'euros par an. Un contrat similaire touche La Poste privatisée.
L'affaire Francorchamps fait scandale. Etrangement, le
contrat que le socialiste Johan Vande Lanotte a conclu en privatisant La Poste
fait beaucoup moins de vagues. Pourtant, les similitudes sont frappantes.
Le 12 octobre, juste avant de quitter sa fonction de ministre
pour présider le SP.a, Vande Lanotte signe la vente de 49% de La Poste au
groupe financier britannique CVC et à la poste danoise. Quelques jours plus tôt,
la ministre Onkelinx (PS) avait suggéré que les futurs bénéfices de La Poste
soient prioritairement affectés aux investissements. Mais comme le gouvernement
a pour habitude de se soumettre aux multinationales, le contrat prévoit que la
moitiédes bénéfices doit être distribuée aux actionnaires sous forme de
dividendes.
Plus fort: même s'il n'y a pas de bénéfices, les
actionnaires privés empocheront dix millions d'euros par an. Cet argent serait
alors purement et simplement prélevé sur le capital de La Poste. Vande Lanotte
affirmait que la privatisation permettrait à La Poste d'être plus solide
financièrement et voilà qu'il signe un contrat qui permet au privé de puiser
dans la caisse. Cette disposition prendrait d'ailleurs beaucoup de libertés
avec la loi, à entendre le juriste Thierry Bosly, du cabinet White & Case: «Le
code des sociétés réglemente précisément la politique de dividendes. Un
actionnaire ne peut faire jouer les clauses du pacte d'actionnaires si elles
mettent en péril la bonne santé de l'entreprise.»1
Dix millions d'euros, c'est aussi le montant que la Région
wallonne doit verser chaque année jusqu'en 2010 pour Francorchamps, au profit
de Bernie Ecclestone, le patron de la formule 1 qui affiche une fortune de 2,5
milliards d'euros à son compteur.
Quand le public s'associe au privé, c'est toujours le
premier qui crache et le second qui encaisse. Et c'est d'autant plus facile
lorsque, comme dans le cas de La Poste, le dirigeant de l'entreprise publique,
Johnny Thys, a été conseiller de la firme privée, CVC.
Aujourd'hui, on apprend que ce même groupe CVC a déposé
une offre sur le bureau de... Bernie Ecclestone pour devenir propriétaire de la
SLEC, le holding qui contrôle la formule 1. Si cela se fait, ce sont deux fois
dix millions d'euros qui, chaque année, tomberaient automatiquement des poches
des contribuables belges aux caisses de CVC.
Marco Van Hees
Publié dans Solidaire le 7 décembre 2005
1 Le Soir, 1/12/2005.
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