Accueil · Finance · Nouvel accord sur Fortis : BNP-Paribas rentre gagnant Nouvel accord sur Fortis : BNP-Paribas rentre gagnantSuite
aux décisions judiciaires défavorables au projet de cession de Fortis à
BNP-Paribas, le gouvernement belge a dû renégocier les modalités de celui-ci.
Mais la banque française reste largement bénéficiaire dans le nouvel accord.
Rappel
de l’épisode précédent: début octobre, l’Etat belge rachète la
banque Fortis, au bord de la faillite, mais pour en céder aussitôt 75%,
à très bon prix, au groupe français BNP-Paribas. Lequel obtient aussi 100%
des assurances. Les 500000 détenteurs d’actions Fortis ne sont plus
alors propriétaires que d’une coquille vide, Fortis holding, qui ne possède
pratiquement plus rien, si ce n’est les actifs toxiques de la banque.
La
justice ayant remis en cause cet accord conclu sans avoir été soumis aux
actionnaires, le gouvernement belge et BNP-Paribas ont dû renégocier. Selon le
nouveau deal, les activités d’assurances retournent dans Fortis Holding, ce
qui laisse entrevoir le maintien en Belgique d’une compagnie d’assurances délestée
des activités bancaires.
Voilà
de quoi satisfaire les actionnaires de Fortis, puisque cela remplit leur
coquille vide. Mais sans pour autant déplaire à BNP-Paribas: au départ,
le groupe était demandeur des activités bancaires, pas des assurances. C’est
le gouvernement belge qui avait insisté pour que les banquiers français
prennent le lot entier. De plus, ces derniers avaient eu la banque à prix réduit,
mais avaient payé les assurances à un prix correct. Ils gardent donc et leur
acquisition stratégique, et leur bonne affaire. Que demander de plus?
Autre
point du nouvel accord: Fortis Holding se débarrasse d’une grande
partie des actifs toxiques. Une deuxième bonne affaire pour les actionnaires.
Mais pas aux dépens de BNP-Paribas. Ce sont les contribuables belges qui
financent le cadeau, puisque l’Etat offre une garantie de 5 milliards
d’euros sur ces actifs à risque.
Intervention divine? Non, de
l’Etat…
Un
point qui n’est pas renégocié, par contre, ce sont les actions BNP-Paribas
que l’Etat belge obtient en échange des actions Fortis Banque qu’il cède
au groupe français. Entre le premier accord, début octobre et celui de ce 30
janvier, le cours de l’action BNP est passé de 68 euros à… moins de 30
euros.
Étrange:
pour justifier la cession de Fortis à prix bradé, le ministre Reynders
pointait naguère la chute des actions Fortis. À l’inverse, quand on lui
demande aujourd’hui s’il ne fallait pas faire valoir la chute des actions
BNP dans la renégociation, il répond: «Non parce que je crois
que c'est un protocole de départ, c'est un accord pour dire, là, vraiment on
est dans une logique, on est en partenariat et nous n'avions pas remis en cause
ce partenariat, BNP Paribas non plus[i].»
Si
vous avez compris l’explication, faites-nous signe. Ce qui est sûr, c’est
qu’on imagine mal une société privée accorder une telle largesse. Mais ici,
c’est le contribuable qui paye...
Finalement,
le contribuable payeur, c’est la ligne de force de cet accord. Les
actionnaires de Fortis sont moins volés que dans la première mouture, mais
leur voleur, BNP-Paribas, ne perd rien. Par quel miracle? Une intervention
divine? Non, celle de l’Etat…
Marco Van Hees
Publié dans Solidaire le 5 février 2009
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