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Accueil · Finance · Jusqu'à combien d’actions est-on un «petit» actionnaire? Jusqu'à combien d’actions est-on un «petit» actionnaire?
N’y
a-t-il que de petits actionnaires dans le capital de Fortis? étaient-ils
bien représentés à l’assemblée? Et c’est quoi, petit ?
À priori, si vous détenez 70% des actions d’une société, vous
n’êtes pas un petit actionnaire. Mais s’il s’agit du capital de la SPRL
Fritkot Ducoin, cela ne vous garantit pas la fortune d’un Albert Frère. Or,
celui-ci ne possède que 5% de Total, par exemple, alors qu’il en est
tout de même le premier actionnaire.
Retenons
donc comme définition de «petit actionnaire», celle que
sous-entend généralement cette expression dans le dossier Fortis:
quelqu’un qui n’a pas un gros patrimoine. Cela étant éclairci, passons aux
chiffres.
Les
plus gros actionnaires connus de Fortis sont des banques-assurances (comme Ping
An à 4,99%, Axa à 3,71% ou UBS à 2,98%) et des
investisseurs institutionnels (comme le fonds de pension néerlandais ABP à 2%).
N’oublions pas qu’un petit 2%, cela fait tout de même… 50 millions
d’actions.
En
deuxième ligne, on trouve une flopée de grandes (riches, veut-on dire)
familles détenant moins de 1%: les Lippens, bien sûr, mais aussi
les Solvay, Boël, t’Serstevens, Paquot, Saverijs, Van der Mersch, Van
Waeyenberge, Santens, Vanden Avenne, Van Hool, Roussis, Tytgadt, Sabbe, Dossche,
Versele, etc. N’oublions pas qu’un tout petit 0,2% comme celui des Boël,
cela fait tout de même… 5 millions d’actions.
Puis
vient le peloton des 500.000 actionnaires, au sein duquel il y a encore de
grandes différences. Comme le capital de Fortis compte quelque 2,5 milliards
d’actions, cela fait une moyenne de 5.000 actions par actionnaire.
Attention : la moyenne est une donnée trompeuse[i].
Vu le poids des gros actionnaires, on peut supposer qu’une majorité des
actionnaires possède nettement moins que 5.000 actions.
150
clients de Deminor possèdent 15 millions d'actions
Cette
disparité se retrouve dans les clients des cabinets d’avocats représentant
les supposés «petits» actionnaires. Deminor, par exemple,
auraient 11.657 clients possédant en tout 35 millions d'actions. Soit 3.000
actions par client. Mais 150 de ces clients possèdent 15 millions d'actions.
Soit 100.000 actions par gros clients.
Finalement,
le meilleur moyen de savoir ce qu’est un «petit» actionnaire,
n’est-il pas de chercher dans votre entourage des personnes possédant des
Fortis. Faites le test. Dans notre cas personnel, ces personnes ont perdu de
l’ordre de 10.000 euros. Pour une perte de 20 euros par titre, cela fait
un paquet de 500 actions. Bon, s’il y a un ministre des Affaires étrangères
dans votre entourage, vous répondrez plutôt 2.500 actions.
C’est
encore nettement moins que les 100.000 actions que détenaient (en moyenne!)
les 5.000 actionnaires présents à l’assemblée de ce 11 février. Non
seulement, le vote y suivait le principe «une action = une voix»
(et non un homme = une voix), mais en plus, les petits actionnaires y étaient
donc magistralement sous-représentés. Telle est la démocratie du capital…
Marco
Van Hees
Publié dans Solidaire le 20 février 2009
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