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Carnets de Mahé, chienne de Didier Reynders (8) - «Répondez à côté de la question»

J’ai beau être aux antipodes de l’idéologie sarko-thatchérienne de mon maître, je bave tout de même en contemplant son art de passer comme un bulldozer à travers les difficultés politiques.

Faut dire, on l’y aide parfois un peu. Voyez «Répondez à la question» sur la RTBF. Le concept de cette émission est de mettre l’invité sur le grill. Quand Reynders est venu, l’autre jour, ils devaient avoir oublié de brancher la prise du grill. On l’interroge sur la non-gestion du ministère des Finances et la fraude fiscale record en Belgique, il répond… bâtiments et informatique.

Un peu comme si pour justifier son 3/20 en math, un élève exhibait ses pieds: «Dites, Madame, vous avez vu comme mes Nike sont top…» Bref, quand mon Didi passe à la télé, c’est toujours «Répondez à côté de la question».

Au Parlement, il fait encore mieux. Vous vous souvenez de ce reportage RTBF montrant qu’une banque (le petit doigt de ma patte arrière me dit que c’est Fortis) propose une sorte de carte bancaire pour fraudeurs? Elle permet de retirer aux distributeurs belges de l’argent déposé au Luxembourg et placé sur un compte secret au Panama.

Interpellé à la Chambre, mon affable maître a répondu… qu’il ne répondrait pas. Vous n’avez qu’à poser la question en commission d’enquête parlementaire sur la fraude, a-t-il lâché. Ben oui, il a raison: qu’est-ce qu’un ministre des Finances a à voir avec la fraude fiscale?

Justement, les membres de ladite commission ont tenté de poser la question. Mais à qui? Le président de la commission avait promis de convoquer un responsable de la banque incriminée, mais le point a bizarrement disparu de l’ordre du jour. Ah, j’ai oublié de vous dire: ce président, c’est le chevalier François-Xavier de Donnea de Hamoir, dont le président de parti est un certain Didier Reynders. Plein de nobles sentiments, ce FXdDdH, mais d’une distraction!

Finalement, les commissaires enquêteurs n’ont pu interroger que le fonctionnaire Jacques Gombeer, auditeur général de l'administration des Affaires fiscales. Celui-ci a répondu (je vous donne la citation exacte car chaque mot vaut la peine): «Je suis simplement au service international Impôts sur les revenus. Les enquêtes qui sont éventuellement effectuées le sont vraisemblablement par l'Inspection spéciale des impôts (ISI) et je ne suis pas au courant. Je ne pourrai donc pas répondre.»

Comme quoi, en Belgique, il est plus facile de retirer de l’argent noir panaméen au coin de la rue que d’obtenir une réponse au Parlement...

Carnets retranscrits par Marco Van Hees

05.04.2009. 19:40

 

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