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Transfert de revenus vers le capital : 147.000 € par travailleur sur dix ans

Ce n'est pas la crise pour tout le monde. Les grands capitalistes ont accaparé une part de plus en plus importante du revenu national. Et leurs fortunes sont gigantesques. De l'argent pour le social, il pourrait y en avoir...

Volé deux fois

Toute richesse produite par les travailleurs doit revenir aux travailleurs. Pourtant, en payant votre salaire, votre patron ne rémunère pas l'entierté de votre temps de travail, il retient une partie pour son profit. C'est l'exploitation capitaliste. Mais depuis vingt ans, cette exploitation a fortement augmenté. Si bien qu'on peut dire que vous avez été volé deux fois.

Une maison en dix ans

De combien l'exploitation des travailleurs a augmenté? En 1981, les salariés touchaient 62% du revenu disponible en Belgique. En 2002, cette part est passée à 41%. Un tiers de moins! Si les salariés avaient gardé 62% des revenus en 2002, ils auraient tous ensemble 56,6 milliards de plus chaque année. Par famille, cela fait 14712 euros/an, soit 593381 FB. On vous vole donc l'équivalent d'une voiture annuellement. Ou d'une maison tous les dix ans.

Les voleurs ont été identifiés

Si la part du gâteau a baissé pour les salariés, elle a forcément augmenté pour d'autres. Les capitalistes empochaient 26% des revenus disponibles en 1981. Ils encaissent 34% aujourd'hui. Un tiers de plus! Ces revenus consistent en bénéfices des sociétés et en revenus des placements financiers (actions, obligations, devises) Bien sûr, cela comprend aussi les revenus des petits indépendants et les intérêts des petits épargnants. Mais la crise renforce les plus forts ­ les grands capitalistes ­ et affaiblit les entrepreneurs ­ indépendants, petites entreprises. L'augmentation a donc largement profité aux grosses fortunes.

Que fait la police?

L'Etat, qui dispose de la police et de la justice, n'a rien fait pour arrêter les voleurs. Et pour cause: il est un des principaux organisateurs du hold-up. En effet, on constate que non seulement la part des capitalistes augmente, mais aussi celle de l'Etat: elle est passée de 11% en 1981 à 24% en 2002. Cela reflète le fait que l'Etat a fortement réduit ses dépenses par rapport à ses recettes, afin de pouvoir payer les intérêts de la dette de l'Etat. A qui cela a profité? Aux banques et autres créanciers de l'Etat. A qui cela a coûté? Aux travailleurs qui payent l'essentiel des impôts, mais qui en ont eu moins pour leur argent, vu que les prestations de l'Etat ont été réduites.

Robin des Bois à l'envers

En 1981, le gouvernement Martens-Gol a initié une série ininterrompue d'attaques sociales à grande échelle. Une série qui se poursuit toujours aujourd'hui. Les gouvernements successifs ont tenu le rôle d'un Robin des Bois à l'envers: voler le peuple pour donner aux riches. Les travailleurs ont eu droit aux sabotages de l'index, impôts de crise, hausses des taxes indirectes, modération salariale, normes de Maastricht Les capitalistes ont bénéficié des réductions de charges sociales et fiscales, baisses des coûts salariaux, intérêts sur la dette publique

Bonne et mauvaise nouvelle

La mauvaise nouvelle, c'est que vous avez payé pour les capitalistes. La bonne nouvelle, c'est que malgré la crise, il y a dans notre pays une gigantesque masse d'argent. Ces richesses produites par les travailleurs doivent revenir aux travailleurs. Que les capitalistes payent leur crise eux-mêmes, plutôt que de la faire supporter par les autres.

Comment chaque 100 euros de richesse produite est réparti

Salariés

Capitalistes

Etat

1981

62 €

26 €

11 €

2002

41 €

34 €

24 €

Sur chaque 100 euros de richesse produite, vous perdez 21 euros par rapport à 1981.

Marco Van Hees
Publié dans Solidaire le 14 janvier 2004

09.09.2008. 17:04

 

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